"Le monde est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en lisent qu'une page."
Tel Aviv, New York, Barcelone... Vivre à l'étranger est devenu un hobby.
Caméra à l'épaule et appareil photo à la main, je capture tout ce qui bouge.
Prêts à me suivre ? Cramponnez vous, attachez vos ceintures et entrez dans mon monde. Celui d'une blog-trotteuse.

12 octobre 2010

Silence... on tourne !


Voilà, j'ai l'honneur de vous annoncer que j'entame actuellement ma deuxième semaine dans le monde merveilleux...des autistes.

J'ai d'abord pensé à me jeter par la fenêtre. Mais quand j'ai ouvert ce qui me sert de fenêtre, il pleuvait. Et ce que j'adore, c'est regarder la pluie tomber. Du coup j'ai refermé ma fenêtre et j'avais soudain plus envie de sauter dans le vide.

Après, j'ai opté pour la solution " je me laisse mourir de faim". Mais j'avais laissé des Oréos sur mon bureau. Alors j'ai pas pu m'empêcher de les finir, ça me faisait trop de peine de les laisser.

Comme l'appétit vient en mangeant, je suis parti regarder dans la cuisine ce qu'il pouvait y avoir de sympa. Sur le chemin, j'ai croisé un de mes colocs, je me suis donc préparé psychologiquement à sortir de mon silence pendant quelques minutes.

J'allais vraiment faire un effort mais quand j'ai vu ses yeux défoncés et que j'ai senti cette odeur de bière, j'ai préféré m'abstenir. J'ai même pas eu la force d'atteindre la cuisine, je suis retournée illico presto dans ma chambre.

Ce soir là, j'avais le choix entre un énième dvd et sortir boire un verre avec la fille d'une amie d'une amie de ma mère ( j'ai réussi à en trouver une quand même). Quand j'ai vu ma tête dans le miroir de la salle de bain, je me suis dit qu'il était temps de faire quelque chose. Alors, je me suis forcée à sortir.

Durant tout le chemin pour m'y rendre, j'avais soudain retrouvé un semblant d'optimisme. Allez, elle est là depuis plus longtemps que moi, elle va me dire qu'au début c'est dur mais qu'après c'est le feu. Les choses ne se passent jamais comme on le prévoit, je devrais le savoir pourtant.

Pour vous résumer la soirée en deux mots... non plutôt en un mot : CAUCHEMAR.

Cette fille en question était au bout du rouleau, elle en avait après tous les espagnols qu'elle croisait sur son chemin. J'ai eu le droit à une scène de crise de nerfs en pleine rue, avec jetage de sac et des " je hais cette ville de merde", " ces catalans de merde" à gogo. Autant vous dire que je ne savais plus où me mettre. (Encore une fois contractage de la mâchoire, fermage des yeux et claquement de doigt pour tenter de disparaître...).

Du coup, c'est moi qui ai dû trouver un semblant d'optimisme dans le fait d'habiter ici. Moi, qui n'ai qu'une envie, prendre l'avion et m'enfuir loin.

Voilà, c'était ma première soirée à l'espagnole.

Ah ça oui j'étais bourrée. 2 verres de Sangria avec pour seul repas un Oréo et demi, ça fait vite tourner la tête.

Il n'était même pas 23 heures que j'ai foncé prendre un taxi, j'avais pas envie de jouer les psy plus longtemps pour une fois. Vu que j'étais bourrée, j'ai commencé à vouloir taper la discut' avec le chauffeur. Ce que je ne saisissais pas, c'était pourquoi j'arrivais parfaitement à parler mais que je ne comprenais jamais ce qu'il me répondait.

Ah, je vous ai pas dit. L'activité préférée des habitants de Barcelone c'est vous parler en catalan quand ils savent que vous n'en parlez ni n'en comprenez pas un mot. J'ai même pas cherché à lutter, je me suis réinstaller confortablement dans mon mutisme.

Après avoir joué un remake de "Mujeres al borde de un ataque de nervios", puis de "Bonjour Tristesse", ( ah ça oui on peut faire pleins de choses quand on est toute seule), je me suis dit, tiens, je pense qu'il est temps de philosopher un peu.

Le hasard fait bien les choses, le livre qui était posé sur ma table de nuit était en parfaite adéquation avec la situation : Traité du désespoir et de la béatitude d'André Compte-Sponville (The man of my life, soit dit en passant).

Si vous vous demandez si je n'ai pas confondu mon blog avec mon carnet secret, je préfère vous prévenir, on est loin de ma joie de vivre New York way of life. Etant donné que je n'ai pas envie de vous dégoûter de Barcelone qui pour l'instant me répulse plus qu'autre chose, j'essaye de m'abstenir au maximum de parler d'elle... Mais je vous rassure, j'ai dans l'espoir de me réconcilier avec elle.

Je disais donc, pourquoi pas philosopher.
Mon copain André me dit que pour être heureux, " 'il faut commencer par le plus sombre, chercher le vide et dégager progressivement la lumière". Oui, donc pour le vide, c'est bon, on y est tout à fond là.

Il me dit ensuite : " Il faut d'abord se taire, et rentrer en soi. Il faut commencer par la solitude. Les autres nous distraient, nous divertissent et nous éloignent de l'essentiel. (...) Il faut commencer par l'angoisse. Et que serait l'angoisse sans la solitude ? Les autres me donnent l'impression d'exister, d'être quelqu'un, quelque chose. Je découvre alors que je ne suis rien, qu'il n'y a rien en moi à découvrir, rien à comprendre, rien à connaître". Là, je regarde ma fenêtre, il ne pleut plus, et je me demande si André est vraiment le mec à qui parler ce soir.

Comme je lui fais confiance, je continue : " L'angoisse est là comme un grand miroir vide. (...) L'ennui, c'est la vérité à l'état pur. La grande tentation, c'est le mensonge. Moins par volonté de tromper autrui que par peur de s'avouer à soi la vérité. On ment par horreur du vide... Mais bavardage est lâcheté : peur du silence, peur de la vérité. Et nous sommes tous bavards en public, par cette peur. C'est pourquoi la solitude est une chance. Pédagogie du désert : faire le vide autour de soi, pour le trouver en soi. N'entendre plus personne; ne plus rien dire; écouter son silence... Il faut se taire d'abord, pour ne plus mentir."

Je ne sais pas vous, mais moi je vais mieux. Ah... vous vous êtes endormis...

09 octobre 2010

Touche pas à mon sac.


First of all, je ne suis pas dépressive.

Que je vous rassure un peu, je ne suis plus muette. J'ai même passé une soirée à discuter cinoche avec mon roomate. Et il n'a même pas tenté de me soutirer un babibel en échange (peut être que ça a un lien avec le fait que j'ai fini le dernier avant hier). Je commence même à apprécier les discussions cuisine " je découpes mes poivrons et je te raconte ma vie en même temps... tiens je peux te prendre un oignon ?"

A l'école, j'ai tenté des sourires " eh jte connais toi, on est dans la même classe non ?". Du coup, maintenant, on me dit bonjour et au revoir dans les couloirs. Bon, par contre, la rangée est toujours vide. La prochaine fois, je tenterais les sourires " eh je suis seule au monde, tu veux être mon ami ?".

Ca c'était pour mettre les points sur les i. Aujourd'hui, je vais vous parler de la psychose qui règne dans ce pays, ou plutôt dans cette ville. Allez, on va faire un petit jeu.

Si je vous dis Barca, vous pensez à...? Zara.. ouais ok les filles. Les beaux gosses... mouais...pour l'instant j'ai vu que des jambons beurre. Rajoutez-y même du thon à l'intérieur.
Non si je vous dit Barca, vous pensez à PICKPOCKET !

Je ne compte pas le nombre de fois où l'on m'a dit " Ah tu vas voir Barca c'est la folie... Ah par contre... fais attention à ton sac !". Bon je vous avoue, je me suis dit " ok les gars, merci du coup de main, mais ça c'est pour vous touristes, moi je serais une vraie barcelonaise."

Player que je suis, j'ai commencé à prendre des risques. Du genre, quand je fais mes courses, je met mon sac dans le caddie plutôt que sur mes épaules. Incroyable mais vrai, la caissière, une petite juanita aux airs de Victoria Abril, s'est levé de son siège pour me dire que je ne devrais pas laisser mon sac ainsi. "Ouais... il y a du y avoir des histoires de vol dans ce supermarché" me suis-je dit.

A l'école, à l'heure où "sonne" la pause, pas une seule personne de la classe, comprenez pas une seule sur 40, ne laisse son sac dans la salle. Au début, j'ai bien cru que j'avais confondu "PAUSA" avec "ADIOS".( Eh oh je suis pas aussi nulle que ça).

Tout le monde est sorti fumer, le sac sur le dos. J'ai tenté l'expérience, je me suis sentie un peu... mal à l'aise, je dois l'avouer.

Pour bien comprendre leur délire, j'ai commencé à observer toutes les personnes que je croisais sur mon chemin. Stupeur ! Toute la population barcelonaise est contaminée par le " Touche pas à mon sac". Que ce soit dans le métro, le bus, la rue, même les restaurants, PARTOUT, on joue à celui qui agrippera le mieux son sac.

Deux options s'offrent à vous. Soit vous adoptez la position j'ai mon sac sur l'épaule et jpostiche mes deux mains croisés dessus. Ou alors vous avez un sac en bandoulière et vous agrippez une main sur le sac, l'autre sur la anse.

Le problème, c'est que quand tu demandes aux espagnols s'ils se sont déjà fait voler leur sac, ils te répondent tous que non mais que c'est arrivé à la fille de la voisine de la cousine de sa soeur.

J'ai pas cherché à comprendre, j'ai voulu me fondre dans la masse. Du coup, des que je vois que mon sac est entrouvert, dès que je l'agrippe avec une main plutôt que deux, je me sens mal et je me précipites pour vérifier qu'un Pedro ou une Veronica n'a pas remarqué que j'ai failli au règlement du " Touche pas à mon sac".

Je vous raconte même pas la mission quand mon téléphone sonne (ah oui, il sonne maintenant). Surtout quand j'ai plusieurs sacs dans les mains. Imaginez un peu.

Alors j'ai essayé de détourner les règles du jeu et de chercher les voleurs. J'ai dévisagé toutes les personnes qui se plaçaient à côté de moi et je les ai imaginé m'arracher mon sac. Même papito en chaise roulante (Ouais, c'est bon, jtai cramé, ta chaise roulante c'est pour faire diversion).

Tout à l'heure, alors que je me promenais sur la Plaza Catalunya, un mec est venu me faire signe d'enlever mon casque d'écouteurs. Direct, je me suis dit " Il est sérieux lui? sois un peu plus discret si tu veux mon sac blaireau". J'étais même un peu déçue de l'avoir découvert si vite.
Du coup j'ai filé comme une flèche.

Ouais, sauf que le mec voulait juste me dire que j'avais fait tomber mon paquet de mouchoirs...

08 octobre 2010

...


Barcelona, ACTE I :

Joder. J'avais oublié à quel point les débuts étaient désagréables. Enfin cette fois, j'aurais rarement fait plus difficile.

Oh je sais que je devrais me la raconter un max et vous dire que tout va bien.

Je sais aussi que je vais regretter d'avoir écrit toutes ces phrases de névrosée. Mais mierda, vous êtes aussi là quand ça va pas.

Je précise, que, si à la fin de la lecture de ce message, vous avez de la peine pour moi, évitez de me le faire savoir. Je risquerais alors de croire que je dois me lancer dans une carrière d'écrivain cafardeux, adepte de la larme facile.

Je vous explique le délire. Partie il y a 3 jours pour de nouvelles aventures dans le pays de la tortilla, j'en avais oublié les embûches.

L'auberge espagnole ? c'est super sympa ! Le cinéma espagnol... Almodovar tout ça, ouais c'est hyper cool. Et bien, pourquoi jpartirais pas en Espagne, et plus particulièrement à Barcelone, là où les gens parlent une langue que je ne connais absolument pas (NDLR: le catalan).
Tiens et pour épicer le tout, pourquoi je partirais pas toute seule ?

Voilà, parfois je me dis que je ferais mieux de tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant de balancer des trucs comme ça.

Parce que bon, j'ai beau regarder l'Auberge Espagnole tous les soirs dans mon lit, ça me dit toujours pas comment je vais me sortir de là.
Ah ça oui, c'est très sympa de vivre en coloc' avec 8 personnes différentes. Tout le monde il est gentil, on mange tous ensemble, on rigole bien.

Personellement mes colocs, je les vois jamais. A part un qui passe ses journées à boire de la bière et à fumer des joints dans le salon.
Ah nan, la dernière fois, il a été sympa, il a tapé à ma porte pour me parler un peu... enfin ça a duré 2 secondes chrono, juste le temps de me demander s'il pouvait me prendre un babibel. ( Si un jour, cher coloc, tu deviens mon ami, ne prends pas au sérieux ce que je viens d'écrire).

Quand on part à l'étranger, ya toujours un ami d'un ami qui traîne dans le coin, ou bien la cousine de la copine de la voisine qui a sa petite fille qui connaît une amie à Barcelone. Enfin bref, y'a toujours quelqu'un sur qui on peut se reposer les premiers jours. Ouais, bah la, ya personne.

Je vous vois bien me dire, " mais Zoé, sors un peu !". Mais c'est ce que je fais, mesdames, messieurs.

Et le cauchemar débute dès le "claquage" de ma porte d'entrée. Je n'ai même le temps de me dire " Allez Zooz, on prend sur soi" en ouvrant la porte de l'ascenseur, que j'aperçois un ptit bonhomme tout sourire. Et là je me dis merde, non, pas une scène d'ascenseur por favor.

Evidemment, le ptit bonhomme a la bonne idée de m'adresser la parole... et ce, en catalan.
Et croyez moi, descendre 6 étages en ascenseur prend bien plus qu'une minute. Ou en tout cas, chez moi, la minute s'est transformée en éternité.

J'ai contracté ma mâchoire, fermé mes yeux et j'ai prié très fort pour que le ptit bonhomme ferme sa bouche. Malheureusement ça n'a pas marché et je crois bien que je ne me suis pas fait un copain. Bah, je prendrais les escaliers la prochaine fois.

Contracter ma mâchoire, fermer mes yeux et prier fort pour disparaître en un claquement de doigt est devenu mon activité préférée ces derniers temps. Descartes dit qu'il faut inscrire son corps dans un mécanisme. Bah voilà, c'est fait, merci René.

Oui, vu de l'extérieur on passe vite pour une mongolita. Je passe déjà pour une sourde et muette, c'est pas comme ci, ça allait changer grand chose. Et puis,c'est un bon moyen pour qu'on me laisse tranquille.

Bon, et puis je vous raconte même pas ma rentrée scolaire hein. Etant donné que je suis pas du style à aller lancer des " hey, ca boom?" (surtout en espagnol), j'ai passé une merveilleuse journée avec...me, myself and I.

En quelques mots, je me suis sentie comme tous ces intellos boutonneux aux cheveux gras à qui on adresse jamais la parole et qui restent persécutés à vie par une adolescence douloureuse due aux moqueries de leurs camarades.

Celle qui mange toute seule à la cantine ? Oui c'est moi. Celle qui est assise sur la seule rangée vide de la classe parce que personne veut se mettre à côté d'elle ? Ouais, ouais c'est encore moi.

Et je ne peux même pas utiliser mon portable pour me cacher. Je n'ai aucun numéro dans mon portable ( je n'arrive même pas à avoir de la peine pour moi, je suis morte de rire).

Et autant vous dire que je banni Facebook, mon portable français et tout ce qui peut me rappeler que vous allez tous bien... et que je suis pas là.

Alors voilà je suis un mélange de Rémi sans Famille, de Lisa du Destin de Lisa et de Steve Urkel (sans les lunettes).

Ce qui me rassure, c'est qu'à la fin de leur aventure, ils arrivent tous à se faire un ou deux amis. Si ça pouvait arriver avant la fin de mon aventure, ça serait plutôt sympa.

P.S : Je n'accepterais aucun " je t'avais dit que tu n'étais pas sociable"...